Sur le juge et le jugé

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Tu es là, à Masséna, sous un soleil de plomb.

Te recoiffes dans le miroir des Galeries Lafayette.

Et alors ?

Poivre et sel près de la raie, attends, ça serait mieux avec un chignon.

Te mettrais bien en t-shirt, sacré mois de février.

Mais où pendrais-tu ton mimosa, reçu dans la touffe, sitôt calé entre les dents crochues de ta fermeture éclair ? 

Voilà la fin des arcades. L’immense Reine est belle, étendue sur sa couronne de fleurs. 

Il n’y a rien de plus vibrant qu’une colonne de tambours.

Et tu danses, tu danses, danses sous la pluie de serpentins. 

Demain, on en retrouvera au fond de la mer, entravant l’oesophage d’un ou deux germons.

Tu es là, à la course des garçons de café, une caméra à la main.

Mais tu trouves autant voire plus d’intérêt à immortaliser la foule, se grandissant sur les marches du Palais de Justice.

Celle qui s’est mise en marche à 7h’ du sbah, pour élire le plus beau costume de cette assemblée ridicule.

(On ne l’entend pas, elle se gave de bugnes)

Tu fais face à ses grands yeux.

Et puis tu es là, au milieu d’une voie de tram, avec ton petit ami. 

« Faites place au Prince Ali ! »

Il chantonne. 

Non, il chante. 

Qu’il est formidable !

« Quelle grâce le Prince Ali ! »

Un prince se salue sans faire de courbette.

Oui, tu chantes. Dehors, devant tout le monde.

Et tu te rends compte, finalement,

Que tu te fous complètement de ce qu’en pensent les amis, les riches, les inconnus.

Que tu ignores comment brosser l’Univers, et que de toute façon, tu ne chercheras pas à le faire.

Tu préfères te peigner dans le reflet des Galeries Lafayette.

Là est tout ton charme.

Il n’est point de jugement dans les yeux de celui qui se moque d’être jugé.

C’est fou, c’est beau.

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