T’es là, tu flânes – tu cours – dans Paris.
Tu bouscules tout le monde, jettes tes coudes dans tous les sens, fixes ces gens gênants, zigzagues dans une Seine hideuse, marches dans l’escalator étroit.
Et tu remarques même pas la foutue effervescence que dégage le quartier latin.
Ses étudiants, canettes à la main, avachis sur les marches du Panthéon, un genou relevé.
Les tombeaux du mausolée, la froideur de leur pierre.
Tu lis tes mails en sprintant, pour encore gagner du temps ; mais plus tu liras de mails, plus tu en recevras.
Et dans cette course effrénée, infinie, tu perds tes sens.
Te souviens-tu, quand tu léchais les portiques du supermarché ?
Quand tu touchais tout ce qui te passait entre les doigts, pour voir si c’était chaud ou froid, et comprendre les sensations de l’univers ?
Au fond, tu n’as pas changé.
Tu es toujours un bébé cadum 😏
Car la vie est une quête perpétuelle de compréhension du monde.
Sauf que maintenant, tu fixes ton petit écran ridicule en mangeant, au point d’oublier ce que tu manges.
Écrire des mails fait partie de mon job.
En recevoir aussi…
Pourtant, je ne reçois aucune notification sur mon cellulaire.
Sérieux, si ma mère mourrait dans la nuit, je le saurais le lendemain à 10h.
(Car en plus, je suis allergique au téléphone le matin)
(Te voilà prévenue, maman)
(Et vous voilà prévenus, chers clients : les commandes urgentes attendront 10h)
Aussi divertissante soit-elle, je te conseille de lâcher un peu ta confortable prison de poche.
De refuser tous les artifices qui permettent de gagner du temps.
C’est en se posant des questions, en faisant des efforts, que l’on peut assembler le puzzle appelé « la vie ».
Sur ce, je vais te laisser.
Car la caféine me rend légèrement directif.
Et puis, j’arrive bientôt à Rennes.
Je passe une journée au Mont-Saint-Michel, et j’ai hâte de voir si le tourisme de masse gâchera la fête.
(Rien qui puisse m’empêcher de manger une crêpe caramel beurre salé)
J’adore passer dans les gares, ce sont des endroits où il est agréable d’observer les gens passer.
Et que j’aime voyager en TGV.
Allez, sans transition : à plus.