Au Théâtre de Nice est joint un petit bistrot, au sommet d’une pile de marches en briques roses.
C’est un endroit idéal pour écouter les procès fictifs qui se déroulent sur la place chaque samedi matin.
Aujourd’hui, c’est Voldemort qui passe sur le grill.
Du haut de mon perchoir, j’observe les poissonniers laver leurs bancs, les piles d’avocats bien mûrs se dégarnir.
Les voix d’un groupe se fracassent contre le muret.
L’assemblée ridicule s’attable juste à côté :
Maman n’a pas beaucoup de temps.
Papi profite enfin de sa dolce vita.
Le gamin révise un livre qu’il trouve stupide.
Et puis Beethoven, qui s’était installé aussi, demande timidement :
« Un peu de piano ? »
Il joue.
Ils aiment.
Eux entendent.
Lui est sourd.
Beethoven est sourd, et Beethoven joue.
Et toi, c’est quoi ton excuse, pour ne pas répandre ta musique ?