Voilà la question qui tue : est-ce que je dois vous tutoyer ou te vouvoyer sur la page la plus importante de mon site ?
On va répondre à cette question d’entrée de jeu pour enjamber le stress chronique. J’ai testé les deux, et je pense que si quelqu’un s’intéresse à ce que tu fais, il s’en battra le goéland de quel pronom tu utilises, car ce n’est pas ça qui joue sur la proximité que tu choisis d’instaurer entre ton audience et toi. Perso, j’adapte ma façon d’écrire en fonction du mood que je veux donner à mon texte, et du nombre du cafés que j’ai bus au matin. Vous me permettrez donc de te tutouvoyer à l’avenir.
Et oui, même si d’apparence cette page ne paie pas de mine, mon fond de commerce repose sur un branding de qualité : en d’autres termes, parler de moi, c’est déjà commencer à te refourguer mes derniers délires d’entrepreneur. On vit dans un monde où toutes les infos sont disponibles en quantité, à la seule condition d’avoir une connexion internet pour demander à ChatGPT ce qu’il pense de l’épicurisme, de la différence entre un moelleux et un fondant au chocolat et des dernières polémiques de Brigitte. (Perso, je préfère quand il est coulant) – La seule chose qui maintiendra à flot les gens comme moi : c’est la perspective qu’on peut apporter à un thème. J’ai réalisé depuis longtemps qu’on ne me lisait pas pour mes sujets (heureusement, vu comme je m’éparpille en permanence), mais pour ma façon de les aborder. Car lire mes papiers, c’est comme manger une salade composée d’expériences persos, mises dans une situation et assaisonnés de ma plume tranchante.
Mais du coup, c’est qui, « les gens comme moi » ?



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Je m’appelle Benjamin. Je suis né dans le Centre de la France, et j’ai grandi dans une maison construite sur un champ de betteraves. Et comme à la casa, j’étais seul à l’école, écrasé par la masse d’élèves surexcités par trois poils sous le menton. Je rentrais des cours sur une route mal goudronnée, aux côtés des tracteurs hurlants, et parfois l’un d’eux me prenait en stop. Je passais beaucoup de temps sur l’ordinateur de mes parents, que je voyais déjà comme un outil de création. Parfois, on jouait au pouilleux massacreur avec les voisins, assis dans le coin du jardin, et on prenait tous plaisir à se torturer.
J’avais quand même quelques projets, comme le journal du lycée, un concours d’écriture qui me valut une nomination, des ébauches de romans mal branlés, et cette BD qui portait le nom de son héros Super-Sandwich. Je crois que Clippy était mon meilleur ami, pour ceux qui ont Word 2007 dans leur catalogue de références.
Mes parents m’avaient inscrits au judo, et j’ai passé une dizaine d’années à les décevoir tout autant que mes profs – parfois à les surprendre en ramenant une médaille d’or à la maison. Avec le recul, je suis très reconnaissant envers mon père pour m’avoir encouragé à persévérer dans cette voie difficile. Je repense aux trajets en VTT pour aller au club (bizarrement la seule activité de mon village) avec nostalgie, aux barres de céréales que ma mère apportait avant chaque compétition, et à la discipline qu’exigeait la pratique d’un sport de combat. Si un agresseur essayait de piquer mon vélo, je pouvais désormais le fouetter avec ma ceinture bleue.
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J’ai lu un papier dont l’idée principale est la suivante : les premières années de notre vie sont celles de toutes les « premières fois », et c’est sans doute pour ça que je repense à cette période avec nostalgie.
Deux ans que je suis à la fac de droit, et que je galère avec un job étudiant dans un supermarché à deux heures de chez moi. Je me lève à 4h pour arriver à l’heure, et je rentre à 23h30, après avoir mangé au restau de mon père. La fatigue est devenu mon état par défaut, si bien que je ne m’en rends pas compte. Je me sens en décalage total avec les gens qui m’entourent – les uns qui rêvent de passer le barreau et me prennent pour un ovni, les autres qui scannent des pâtés pour chats depuis plus de 20 ans en me couvrant d’encouragement pour ma future carrière de procureur. Un jour, j’effectuais un stage en Cours d’appel, et quand le président de la chambre sociale me demanda quel métier du droit je voulais exercer, ma réponse fit de moi le centre d’attention. Car je répondais péniblement « du journalisme ? 😰 ».
Au magasin, je fais le show au micro et ça amuse pas mal les clients. Le nouveau directeur voit d’un oeil partagé cet idiot qui se fout des règles et débarque dans son empire avec du vernis aux doigts. Mais comme je m’entends super bien avec sa femme, ça se passe.
Mes économies me permettent de trouver un appart en centre-ville d’Orléans, et de partir pour la première fois en voyage. Seul, mais je dis à ma mère que je suis avec Honorine (ma meilleure amie) pour la rassurer. Je rejoins la capitale phocéenne, et je me fais avoir par tous les attrape-touristes de base. Mais cette expérience me permet d’ouvrir mes chakras, et voir qu’il y a un autre monde au-delà de la Loire.
Car si avec mes parents je n’ai jamais vraiment pu voyager, j’éprouve une profonde gratitude envers l’éducation qu’ils m’ont donné, dans laquelle une des valeurs principales était « la liberté de choisir sa vie ». Ils m’ont toujours soutenu dans mes agitations malgré leurs peurs. L’autre vertu qui me vient en premier, c’est leur bienveillance intrinsèque.
En 2021, je vis mon premier « vrai » amour, tombe dans tous ses pièges, n’en connaissant pas les codes, et je rencontre une de mes meilleures amies Albane avec qui on passe notre vie au théâtre. Théâtre qui était tellement proche de mon appart que j’avais surnommé ce dernier « La Loge ».
Si j’excellais au lycée, mon talent naturel pour la rédaction ne suffit plus à compenser mon manque de motivation à la fac, mais j’obtiens quand même ma licence sans fournir le moindre effort. La période de Covid et les cours en distanciel me font définitivement couper les ponts avec le droit. Alors, qu’est-ce que je fais ?
Je découvre la folle nuit parisienne, je voyage partout en Europe, et c’est l’année où j’achète mon premier appareil photo. Un Polaroid, puis un boitier numérique : mon GH5. Plus le temps passe, plus le voyage devient ma principale source d’inspiration : poèmes et prose sur mon blog, séries de photos, dessins.
Je vis une période marquée de soirées alcoolisées avec mon amie Victoire. Au milieu de toute cette débauche, et autour d’une guitare, j’entends parler du concept de « digital nomad » pour la première fois. Cette idée est un déclic dans la vie sans objectif que je menais. Je commence à dévorer les bouquins de développement personnel, et je finis par prendre une décision.
« Maman, j’ai besoin de changement, je pars vivre à Nice ». En deux mois je romps avec toute une vie et pars dans le Sud, un sac à dos pour seule maison. C’est comme ça que je me retrouve à vivre une des périodes les plus douces de ma vie : un nouveau départ à 1 000 km de chez moi, libéré de mon passé, où tout semble possible. Et justement, cette phrase, je la garde encore aujourd’hui : tout est possible.
Je trouve un job d’appoint, un appart et je me paye le luxe de me mettre en couple. J’ouvre mon auto-entreprise, et, enseveli par les formalités, je finis par acquérir le statut de freelance en rédaction. Ayant écrit toute ma vie, je me dis que ça serait sympa d’exploiter cette compétence, et d’élargir mon audience. Car jusqu’à présent, me lisent principalement mes proches et des gens payés pour le faire (mes profs). C’est comme ça que je tombe dans le marketing.
Mon copain étant niçois d’origine, il me fait découvrir la région avec un regard authentique. Chaque matin, je sors de mon appartement : à droite, une colline, à gauche, à cinq coups de pédale de vélo bleu, la Promenade des Anglais. Et chaque matin, je suis émerveillé par tout ce qui m’entoure, au point d’oublier pourquoi j’étais venu à la base : construire ma liberté géographique en devenant libre financièrement. Je mène la dolce vita, entre la France, Monaco et l’Italie, et fais la rencontre de Carla. Pour introduire ce deuxième acteur de ma nouvelle vie, Carla est une Corse qui n’y connait rien en rillettes, et elle est celle avec qui je partage mes moments de doutes, diatribes caféine sur ma responsable, réflexions méditatives en randonnée, danses carnavalesques et tout un tas d’expériences qui me valent aujourd’hui des dossiers photographiques assez gênants. (je vous interdis d’entrer en contact avec)
Ma vie est une accumulation de routines. Le matin, je vais à la salle de sport, puis je me baigne ou je vais au kayak. Je travaille à la Civette, mon café préféré du Vieux-Nice, qui prend pour moi l’allure d’un QG. J’y rencontre Antho, un journaliste du Nice-Matin avec qui je me lie d’amitié. Quand on me sort « comme d’habitude ? », je me dis que je suis plutôt bien intégré.
Ma collègue et amie Eloise quitte l’entreprise, et je signe moi-même une rupture conventionnelle. Enfin deux : avec mon employeur, et avec mon mec. Je peux enfin me consacrer pleinement à mon activité de freelance, qui peinait à décoller au vue de mon manque d’investissement.
Toutefois : je multiplie les projets, découvre mon sport de prédilection : le patin à glace, j’achète une corde à sauter, commence le dessin, m’amuse avec mon appareil photo… je donne des cours d’informatique à ma voisine Gisèle, qui me laisse utiliser son p*tain de piano à queue bordel !! Bref, comme à mon habitude, je peine à m’ancrer dans une seule pratique, et ça m’empêche de progresser. J’ai peur d’être moyen partout et bon nul part. Même dans l’écriture où j’excelle, je signe ma première nouvelle, inspiré par les histoires de Maupassant, et je peine cliquer sur « publier ».
Je vis un mois de mai intense, marqué par mon passage sur les marches du Festival de Cannes, ayant réussi à me faire accréditer, et une série de photos que je prends dans le Sahara. Cannes m’inspire une fable satyrique, et je décide de poster une image des marches vides, de plus en plus intéressé par les photos de lignes.
En juin, j’arpente la Méditerranée en voilier avec SOS Grand Bleue, pour sensibiliser le grand public à la surpêche, au tourisme de masse et aux activités polluantes. Car si je m’intéresse à la politique seulement pour me foutre de leur gueule (et leur inciter à postuler au Monte-Carlo Festival), la cause animale me tient beaucoup à coeur. Je shoote cette année-là pour L214 et One Voice (et à la Croix-Rouge, côté humains).
Je fais des rencontres intéressantes à l’opéra et signe des gros clients en copywriting. Ma newsletter Cachet de Cire devient un rendez-vous incontournable du dimanche, je commence à composer pour mettre mes poèmes en musique, et à établir une vision claire.
Mes finances sont au plus bas, car je réinvestis mes bénéfices pour acheter du matériel, et je pars rendre visite à mes parents en octobre.
Et c’est la semaine où j’écris ma newsletter « Le pire jour de ma vie ». Mon appartement est littéralement détruit dans une inondation pendant mon absence. Je perds pratiquement tous les poids que j’avais accumulés dans mes 20m carrés d’Atelier (mais heureusement, Otis s’en sort indemne). Carla, Eloise et mes amis me sont d’un grand soutien dans ce moment difficile. Je peux aussi compter sur l’aide de ma voisine et artiste Maricel (et de Jeff 🐕 haha). Maricel est peintre, et comme elle a des présentoirs un peu partout en ville, elle me donne des tips. Car je souhaite mettre à profit mes talents en photo pour lancer ma propre marque de cartes. (attention Eric Garence, j’arrive)
Entre les larmes, je réalise que cet appart, dernier plier de la vie que je m’étais construite ici, s’est effondré.
Je repense à cette discussion avec Carla, sur un rooftop surplombant la Méditerranée, durant laquelle elle m’expliquait vainement qu’il fallait célébrer les ruptures, car « c’est pour le meilleur ». À voir sa vie amoureuse plutôt amusante🍿, je veux bien la croire. Alors je la prends au pied de la lettre, et c’est là que démarre une vie dans laquelle il m’est impossible d’imaginer une journée-type.
Je rentre avec Paris pour base afin démarrer un nouveau chapitre. Une de mes amies me loge provisoirement à Montmartre, à 5 minutes du Sacré-Coeur. Alors chaque matin, lors de mon footing, je redécouvre la brume qui surplombe notre capitale. Je flirte un peu, je patine sur la fausse glace du Grand Palais, je réexplore des coins de la France que j’aime, de Lille à Strasbourg. J’ai même une opportunité de loger à l’endroit où je crèche actuellement, car mon amie déménage bientôt.
Mais non.
Pour Marc Aurèle, un de mes mentors spirituels, on peut se sentir bien partout, car les « choses extérieures » n’atteignent pas notre âme. Faiblesse d’esprit de ma part, ou désaccord avec l’Empereur, je constate que les américains de la Civette, servis fumants devant les paravents colorés du marché aux fleurs niçois me manquent. Profondément. Je suis tombé amoureux d’une région. Au plus grand désespoir de ma mère, je ne peux plus attendre, et je repars avant les fêtes. « Votre travail, tout au long de votre vie, consiste à décevoir autant de personnes que nécessaire pour éviter de vous décevoir vous-même ». Sauf que cette fois, je ne vais pas à Nice : j’y rentre.
P.S : Otis, c’est ma peluche.
Aujourd’hui, je suis bien installé dans la capitale azuréenne. Ma plume génère pas mal de chiffre aux marques avec lesquelles je m’associe, et j’ai pour projet de fonder mon agence de marketing.
Je vois en chaque évènement une opportunité de compléter mon portfolio photographique, et d’acquérir de nouveaux clients. Je me tourne progressivement vers la photo sportive, et prépare un trek dans le Mercantour.
Moi qui ai toujours eu la fibre artistique plutôt qu’entrepreneuriale, j’apprends à me vendre, et je prends de plus en plus de plaisir à lancer des projets alignés à mes valeurs qui ne portent pas mon nom. Finalement, l’entreprenariat est pour moi une voie d’épanouissement personnel. Je me considère aussi bien comme un blogueur qu’un artiste, ou encore un meneur de projets.
Je voudrais bien t’en dire plus, mais j’ai peur de te perturber dans ton processus créatif. Alors motus et bouche cousue.😎
Et surtout, je suis plus épanoui que jamais. J’ai adopté la vie lente, qui prend le temps de contempler le monde, celui qui file à toute allure. Comme l’enfant que j’étais, je joue toujours aux cartes : mais à bas le pouilleux massacreur, et ciao la scopa !
(Pour toute commande concernant un texte narcissique, tu sais désormais à qui t’adresser)