T’as voulu un vélo ? Alors pédale

Je suis installé dans une salle grande et conviviale, devant une de ces longues tables champêtres, sur lesquelles on tasse vingt personnes, et qui me semblent avoir tout d’un bois de chêne.

Si les baies vitrées n’étaient pas immenses, j’oublierais complètement où je suis : dans ce curieux brunch du Vieux-Nice.

Mon corps s’est habitué à la chaleur ambiante, et je sens maintenant des frissons remonter mon rachis.

Je n’avais pas daigné mettre un pied ici depuis trois mois, et pourtant, le garçon a eu l’amabilité de se rappeler mon petit-déjeuner habituel :

Un ristretto, servi dans ces petits bols noirs ridicules, qui visiblement rêvent de révolutionner l’art du service à l’italienne.

Des luminaires – enguirlandés, dont les tiges partent des poutres au plafond et s’arrêtent à trente centimètres des assiettes meublent l’espace.

Les faisceaux du soleil traversent çà et là les croisées.

Tantôt brisés à l’angle des murs, tantôt étalés entre les morceaux de pain.

Ah, ce que j’avais oublié à Paris, l’effet de la poussière d’or au creux des paupières.

L’éblouissement est total.

Mais justement, le prisme de la lumière cesse à cet instant, caché par un muret séparant deux fenêtres, recouvert d’un grand rideau de soie.

Ce qui veut dire que j’ai quelques minutes pour finir cette newsletter, avant d’en prendre plein la gueule de nouveau.

Je suis presque en train de me plaindre.

Ça me rappelle un proverbe italien :

« T’as voulu un vélo ? Alors pédale ! ».

Je suis revenu dans le Sud chercher le soleil, le voilà.

L’humain est cet éternel insatisfait, qui vit avec ses souvenirs, et dans l’anticipation de l’à venir.

Rectification : ça, c’est ce qu’on dit.

Mais n’importe qui peut décider de ne plus être cette personne.

Il y a du beau dans chaque instant, et qu’est-ce qu’on se prend la tête.

Je me rends compte que j’aime les gens simples, et les choses compliquées.

Parcours mes articles pour plus de choses compliquées.

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